Nous avons finalement décidé de passer par la ville de La Paz : peur de passer à côté de quelque chose d’exceptionnel, et nous ne perdrons pas de temps, puisque nous avons décidé de prendre un bus pour en ressortir.
Nous quittons Copacabana pour une longue montée irrégulière, qui nous offre quelques jolis points de vue sur le lac majeur, puis sur le lac mineur. Après le pique-nique, nous redescendons jusqu’au détroit qui sépare les deux parties du lac, dans des paysages magnifiques, entre le bleu du lac (ou plutôt les nuances de bleu), le bleu du ciel, le blanc et gris de la cordillère royale et le jaune des champs de céréales… Nous slalomons entre les eucalyptus, en alternant les vues sur les deux lacs, et nous restons un moment à discuter avec Jacqueline et Daniel, qui se dirigent vers Copacabana.
Nous prenons un bac pour traverser le détroit, et ses 280 m de profondeur : un grand bateau en bois à fond à peu près plat (il manque quelques planches) sur lequel nous embarquons avec un 4×4 et un collectivo. Nous occupons le temps du trajet par une séance photo avec tous les occupants du 4×4, une famille en route pour une inspection à La Paz (mais on ne sait pas trop ce qu’ils allaient inspecter).
Nous bivouaquons quelques kilomètres plus loin, avec vue sur le lac majeur (il a fallu choisir entre les deux lacs… dur). Le lendemain nous remontons tout le lac mineur jusqu’à un dernier bivouac avec vue sur le lac. Les villages, ruraux et entourés de champs et de pâturages en bord de lac cèdent assez vite la place à une succession de très belles et grandes maisons avec vue sur le lac, avec quelques ports de plaisance.
La route devient également une autoroute en construction, aux standards occidentaux : 2×2 voies, terre-plein central, aires, et passerelles pour relier les villages coupés en deux. Mais vu le peu de monde travaillant dessus, il faudra encore un peu de temps, au grand dam des riches habitants de La Paz voulant rejoindre leur résidences secondaires (l’autoroute s’arrête bien avant la frontière et Copacabana, donc ce n’est ni vraiment pour se relier au Pérou, ni pour les touristes étrangers), mais au grand bonheur des cyclistes pouvant profiter des portions achevées mais non ouvertes à la circulation (et ça compense pour les zones déviées dans la poussière et les cailloux). En dehors de ces riches demeures nous remarquons que les maisons en Bolivie sont plus grandes, et finies (il y a un toit, pas seulement de la ferraille qui dépasse) ! Et il y a toujours un petit élément architectural pour ne pas avoir une maison rectangle monotone.
Le troisième jour est le plus long : 65km jusque La Paz. Les 35 premiers sont vite avalés, entre déviations où nous roulons à 10km/h et autoroute où nous roulons à 30km/h, vent dans le dos. Les paysages sont monotones : longues lignes droites dans une urbanisation s’intensifiant… heureusement que nous profitons de la vue sur les 6463m du mont Illimani.
Après un rapide pique-nique sur le bord de la route, c’est l’horrible arrivée sur El Alto : ville poussiéreuse (encore plus avec les travaux sur la route) que nous traversons englués dans le trafic et la pollution des camions et des bus qui redémarrent, avec la gorge sèche et qui pique. Cela s’améliore en s’approchant de la Paz où les zones en travaux que nous empruntons nous coupent de la circulation. Au milieu de la circulation, nous découvrons les minibus japonais recyclés en collectivos, et les superbes vieux bus Dodge ou Ford bariolés. Puis c’est la descente vers La Paz : 15km et 500m plus bas, sur l’autopista, ambiance périphérique mais heureusement pas aux heures de pointe, tout en profitant de la vue sur la ville, et debout sur les freins pour slalomer entre les nids de poule.
Nous posons nos valises dans le quartier de Sopocachi, à la casa de cyclistas, où nous étions attendus, et où nous comptons bien rester quelques jours tant la ville nous a plu en arrivant ! Finalement, on a bien fait de venir à La Paz.
Nouvel aparté sur les déchets : que le Pérou était propre ! Les bords des routes que nous avons empruntées n’étaient pas uniquement peuplés des déchets jetés par la fenêtre des automobilistes, mais étaient des décharges à ciel ouvert, les odeurs avec. Notre motivation pour notre micro-geste de ramasser un déchet par jour en a pris un coup devant l’ampleur du travail, heureusement que les enfants continuent ce petit geste avec encore plus d’entrain !