La partie cycliste de notre voyage a du plomb dans l’aile : afin d’avoir du temps pour déambuler dans les différentes villes que nous allons traverser pour rejoindre Santiago du Chili d’ici à notre vol retour fin août, nous avons décidé de remiser nos vélos dans des soutes de bus. La décision n’a pas été évidente à prendre, surtout faire une croix sur la dernière traversée des Andes et le passage au pied de l’Aconcagua… cependant, aussi haut et aussi au Sud, l’hiver est nettement moins clément (ambiance station de ski en hiver au tunnel à 3200 m d’altitude). Et puis changer un peu de rythme avant le retour, prendre un peu de « vacances » nous tentait bien.
San Juan, rien à voir, circulez
Nous parcourons donc les 220 km entre San Agustín del Valle Fértil et San Juan en bus, en 4h. La route présente de longue lignes droites encore, mais avec plus de végétation, et de jolis contreforts montagneux assez proches. À San Juan, nous perdons 45 min à essayer de prendre nos billets pour le lendemain pour Mendoza, mais entre les tarifs qui varient et l’impossibilité de savoir s’il est possible de mettre les vélos ou pas, nous décidons de remettre ça au dernier moment. Nous tournons ensuite dans la ville comme des âmes en peine pour trouver un hébergement : entre les auberges de jeunesse transformées en maison de retraite, celles qui ne répondent pas, et les hôtels complets (week-end du 15 août), nous atterrissons dans un hôtel à l’accueil très sympathique, mais vraiment miteux.
Nous errons ensuite à nouveau dans les rues pour trouver un restaurant : la très bonne pizzeria qu’on nous a conseillée n’ouvre qu’à 21h, et nous ne trouvons rien à plusieurs quadras à la ronde (enfin, au carré plutôt). Dans les larges rues faiblement éclairées, parsemées de platanes sans feuilles, et où tout est fermé, les gens errent comme des zombies, un peu comme nous en fait. Nous finirons dans la pizzeria précitée, qui est vraiment bonne.
Le lendemain nous parcourons le centre de San Juan : nous sommes dimanche, le week-end du 15 août, tout est fermé, la ville déserte. Le plan de la ville est quadrillé, les bâtiments bas et les rues larges à cause du risque sismique, et les rues sont bordées d’arbres, certainement pour tempérer la ville en été (il fait déjà chaud et humide en hiver). En plus des arbres dans les rues, il y a plusieurs places ombragées et avec une belle pelouse, comme assez souvent dans les villes argentines. Nous ne trouvons aucun charme à cette ville, même si elle ne paraît pas désagréable à vivre. Les plus beaux bâtiments que nous croisons sont ceux du club espagnol, et du club libanais (inutile de poser la question, nous ne savons pas ce que sont ces clubs).
Après ce petit tour, cap sur la gare routière où nous attrapons le premier bus pour Mendoza, qui part immédiatement. En 5 min les billets sont achetés, et les vélos et les sacoches dans les soutes (sans supplément cette fois-ci) après accord du chauffeur. On aime beaucoup le nom de la compagnie de bus : « Del Sur y Media Agua ». 2h pour tard, nous voilà à Mendoza.
Mendoza : on aurait pu l’appeler San Martin
La gare étant plutôt déserte, nous ne cherchons même pas à prendre nos billets pour Santiago et partons vers le centre. Entre-temps, quelqu’un qui trouve ce qu’on fait formidable nous glisse quelques billets… pourtant nos habits sont propres aujourd’hui et nous a vons pris une douche hier 😕… Nous nous payerons des glaces avec 😋. Nous découvrirons d’ailleurs au hasard d’un retrait l’existence de billets de 500 $Ar : si on avait pu en avoir plus souvent plutôt que de se traîner des liasses de billets de 100 (~7€) !
Les rues sont plutôt vides, les magasins fermés : c’est agréable car au vu du nombre de magasins, de l’organisation des rues et de la taille de la ville cela doit souvent être très animé ici ! Le petit jeu de chasse à l’hôtel recommence : hôtels sympas et auberges de jeunesse pleins, fermés pour travaux, qui n’acceptent pas les enfants, ou bien trop chers pour notre budget de cyclistes (quand on a l’habitude de dormir en tente, difficile de mettre cher juste pour avoir un vrai lit… et nous préférons garder cet argent pour de bons restos). Nous finissons par trouver un hôtel un peu défraîchi mais bien placé. Nous découvrirons d’ailleurs que cet hôtel aurait un très gros potentiel après une grosse réfection : il est bien conçu, avec de bons volumes et un chouette aménagement. Il y a même une piscine au sous-sol, dont nous profiterons. Il y eut même un sauna, mais en panne faute d’entretien sérieux…
Nous sommes ébahis par le très grand nombre d’hôtels, boutiques et restaurants (surtout parrillada et fast-food) dans le centre de Mendoza : c’est un centre commercial à ciel ouvert. Comme à San Juan les rues sont très larges et ombragées, avec une multitude de places. Les bâtiments sont par contre plus hauts et l’architecture plus intéressante.
Après une première journée consacrée à une petite balade dans la ville et à une bonne sieste, suivie d’un très bon restaurant, nous reprenons les vélos (quand même) le lendemain pour explorer les environs de la ville du côté de Maipú (petite promenade de 60 km 😁). Nous traversons des zones urbaines, des vergers en fleurs (ici, c’est déjà le printemps, ça n’a pas échappé aux sinus de Marie), des plantations d’oliviers, et des vignes.
Nous visitons une bodega qui produit de très bons vins : en plus d’avoir été accueillis avec un vin rouge léger et fruité, nos palais trouvent ici les vins que nous cherchions depuis le début en Argentine… Bref, la bodega Cecchin, c’est une bonne adresse 😉. Nous finissons notre balade par la visite d’une fabrique d’huile d’olive.
La ville grignote beaucoup les vignes de ce côté, et nous verrons en repartant de Mendoza que pour voir les paysages de carte postale il aurait mieux fallu aller vers Luján de Cuyo.
Pour notre dernier jour à Mendoza, nous pédalons encore un peu jusqu’au parc General San Martin et au cerro gloria, avec son monument à l’indépendance des Andes (celui des billets de 5$Ar), le 17 août, jour anniversaire de l’événement en question, et sa vue sur la ville.
L’après-midi, nous allons rendre visite aux serpents et araignées du serpentarium, dont les conditions de vie sont vraiment déplorables, ainsi qu’aux poissons et à la pauvre tortue de l’aquarium. Les enfants apprécient la visite, les parents un peu moins. Et nous finissons la soirée avec une glace, comme d’habitude (à l’argentine, en pot au poids) 😅.
Bus + vélos = stress
Le lendemain, nous partons confiants vers la gare routière, on nous avait conseillé deux jours auparavant de prendre nos billets au dernier moment pour choisir le bus le moins plein, avec le plus de place dans les soutes pour accueillir nos vélos.
Mais au moment d’acheter nos billets, plusieurs compagnies nous annoncent qu’il n’est absolument pas possible de voyager avec les vélos, ou alors démontés et en carton… On tente notre chance avec une autre compagnie, qui nous dit de demander au chauffeur… qui lui aussi refuse. Mais Guillaume ne se laisse pas démonter, il insiste et négocie avec le chauffeur et la personne qui charge les bagages dans le bus (qui a intérêt à ce qu’on embarque, vu le joli pourboire possible pour les vélos)… 10 min avant le départ, voyant que les 2/3 des soutes sont vides et qu’il reste pas mal de places dans le bus, nos vélos finissent par être chargés dans les soutes, et nous voilà en route pour le Chili, ouf ! Trop de stress, il n’est que 8h30 mais nous sommes épuisés !
Une si belle route
La route est magnifique, on traverse des vignobles avant de monter doucement dans des montagnes arides et colorées, puis de rejoindre les Andes enneigées.
Pour passer la frontière après le tunnel international, nous attendons notre tour dans le bus pendant plus d’une heure, dans un décor de station de ski (en fait il y a des stations de part et d’autre de la frontière). Les formalités de sortie d’Argentine puis d’entrée au Chili sont ensuite très rapides, quand au contrôle des bagages… les douaniers jettent un œil à notre tas de vélos et sacoches, et ne contrôlent rien du tout (pourtant tous les autres bagages des autres passagers sont passés au scanner).
La descente vers Santiago du Chili est très impressionnante, avec une série de lacets serrés dans une pente forte, dans des paysages de haute montagne. Un peu plus bas, nous sommes frappés par l’abondance de la végétation. Après les hauts plateaux et les déserts argentins, que de verdure ! Nous arrivons ensuite assez vite à la capitale, et après une bonne heure de vélo, et une rencontre avec un voyageur polonais, nous arrivons chez nos hôtes Warmshower.