De La Paz à Sajama : du vent, du froid, du sable

Nous partons mercredi 1er juin de La Paz en bus pour Patacamaya, comme prévu… Enfin, après un changement de bus à El Alto et un ou deux arrêts pour trifouiller dans le moteur sur l’autopista. Nous n’avons aucun regret d’avoir fait cette partie en bus, surtout la sortie de La Paz : la courte remontée jusqu’à la gare routière nous a suffit.

Arrivés à Patacamaya nous remplissons les sacoches (mais pas assez, comme la suite nous l’apprendra) et nous partons en direction de Sajama… Difficile de se tromper : il domine l’Altiplano avec ses 6542 m. Le premier jour et demi est assez monotone : la route est une grande ligne droite dans l' »altimuchoplano« , à peine troublée par les camions transportant des containers siglés aux noms des grandes compagnies maritimes (cette route est l’accès de La Paz à la mer, par le port chilien d’Arica).
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Autour les gens ramassent le quinoa, les salutations se font plus timides. Nous faisons un détour de quelques kilomètres de piste pour aller voir de superbes chullpas, bicolores, avec les ossements encore présents. Nous retrouverons des chullpas de loin en loin sur l’Altiplano bolivien.

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Les jours suivants, cela se corse : la route monte et descend au milieu de canyons et de sierra et nous en prenons plein la vue : roches et argiles rouges, jaunes, blanches sculptées par le vent ou l’eau, le tout saupoudré de lamas et alpagas. Les lamas sont particulièrement beaux ici, souvent bicolores. Le volcan Sajama grossit de jour en jour, ainsi que ses deux acolytes le Pomerape et le Parinacota.

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Les nuits sont fraîches : entre -10°C et -13°C au réveil dans la tente. Heureusement le soleil dégèle vite nos gourdes, et si ce n’était le vent, il ferait bon. Michel Sardou s’est trompé, l’enfer ce n’est pas le Connemara (là-baaaaaas, au Connemara 🎶) mais le Sajama : plus on s’en approche et plus le vent se lève tôt et fort. Nous avions été prévenus par les locaux : « Sajama, frio, frio ». Bref, les journées se finissent en avançant tels la horde du contrevent.

Au cinquième jour (nous ne créâmes rien) des pistes se présentent à nous pour contourner le Sajama par le Nord. La première que nous prenons n’est pas la bonne et nous vaut 6 km de pédalage pour rien : nous nous trompons à une bifurcation car la piste que nous voulons prendre n’existe plus… retour sur la route. En fin de journée nous croisons une autre piste, avec des panneaux semblant indiquer la bonne direction. Notre carte papier nous est inutile, et c’est Cassandre qui tranche : on tente (pour ceux qui regardent les cartes, il ne faut pas prendre la bifurcation à Challa, mais celle 7 km plus à l’ouest qui rejoint Khalasaya). Un collectivo croisé plus loin nous rassure, la piste rejoint bien Sajama, et nous nous endormons au milieu de la pampa et des lamas (après avoir dégagé à coups de pieds les touffes d’herbe sèche pour pouvoir planter la tente).

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Nous nous réveillons confiants le lendemain : seulement 38 km de piste. Mais plus nous avançons, plus l’état de la piste empire : de plus en plus de sable et de cailloux, et le vent se lève dès 9h. Quand nous arrivons à lever le nez du guidon, c’est magnifique : nous sommes au pied du Sajama, avec des lamas et alpagas qui traversent devant nous (« lama toujours faire ainsi »), et des étendues blanchies par le sel qui remonte du sol. Nous discutons avec un éleveur de lamas, très fier de ses bêtes (et il a raison).

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Arrivés à mi-chemin à Tomarapi, nous sommes exténués. Il y a un super hôtel et un super resto dans ce coin perdu, mais trop chers pour nos réserves de liquide (et oui, car en plus d’y avoir peu de tienda en Bolivie, il y a encore moins de distributeurs… galère, galère), nous pique-niquons à l’abri de l’enceinte de l’église et nous repartons sur la piste de l’enfer. Un guide sur place nous dira croiser souvent des cyclistes, dont beaucoup de Français… Les Français sont fous ! Il nous faudra 2h pour faire 3 km en poussant les vélos dans le sable. La carriole est une véritable ancre, et lorsque nous arrivons à pédaler, le vent, le sable et les cailloux se jouent de notre direction.

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Nous pédalons jusqu’à la tombée du jour… La lagune où nous comptions nous ravitailler est à sec (il a très peu plu cette année, beaucoup de lagunes sont à sec, de ruisseaux aussi… le très grand lac Poopó l’est aussi, et il paraît que les lagunes du Sud-Lipez sont mal en point, avec une grosse mortalité de flamands roses). Le froid et la croisée des 4×4 déjà rencontrés plus tôt qui nous ravitaillent en eau et essence (direct à la durite 😂) nous font poser le bivouac qui sera du coup tout confort. Concernant l’essence, c’est comme pour les tienda et les distributeurs : il y a peu de stations services, et l’essence y est moins performante que la bencina blanca péruvienne, l’autonomie de notre réchaud est tombée de une semaine à 4-5 jours… Nous allons vraiment devoir nous charger plus pour continuer en Bolivie !

Le vent se calme tard dans la nuit, où il gèlera à peine. Nous nous réveillons entre les 3 volcans, avec des lenticulaires sur certains, magique. Nous repartons confiants et poussons presque avec entrain dans les zones de sable tous les 10m.

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Nous tentons de rejoindre les thermes proches de Sajama (le village) par une piste partant dans la bonne direction… qui se finit en cul de sac… super, nous poussons à nouveau pour rien…

Finalement on zappe les thermes et on file direct à Sajama. Nos espoirs sont douchés en arrivant dans un village fantôme, poussiéreux. Il y a des tienda et des alojiamento partout, mais tout semble fermé. Nous aurons l’explication plus tard : les habitants sont transis de froid, en plus du manque de pluie, l’hiver est arrivé très tôt, dès avril, et très froid. De plus, la saison touristique ne semble être qu’en juillet et août vu le petit nombre de touristes ici (on n’a pas dû dépasser les 15 par jour, avec une grosse majorité de francophones).

Nous décidons d’y rester 2 nuits pour nous reposer (le syndrome intestinal bolivien a encore frappé) et faire les feignasses dans un 4×4 pour faire découvrir des geysers aux enfants.

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Cela nous permet aussi de nous débarrasser d’une partie du sable, et de ne plus avoir les dents qui croustillent. Pour ceux qui viendraient dans le coin, l’hôtel Sajama est un peu plus cher, mais l’eau y est très chaude. Pour manger par contre il vaut mieux aller à l’hôtel Pachamama, où la dame en plus de faire une bonne cuisine familiale, est très sympathique (et s’occupe, en plus du petit hôtel restaurant, de ses lamas et alpagas, dont elle tricote la laine). Dans tous les cas, le Pérou nous semble loin d’un point de vue gastronomique, et nous rêvons en plein jours de tous les plats qu’on aimerait manger… la liste commence à être longue et nous plaçons de grands espoirs sur l’Argentine.

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