De Cuzco au lac Titicaca : des églises, de l’eau chaude et de la pampa

Difficile de quitter l’hospedaje de Cuzco et tous les voyageurs que nous y avons rencontrés… Nous n’arrivons à partir qu’à 10h30.
Malgré le trafic dense, les bus qui s’arrêtent et déboîtent sans vérifier, et la route un peu « molle » et grasse, nous sommes heureux d’être de retour sur nos vélos, et de retrouver cette sensation de liberté totale. Nous filons sans effort dans la descente. Nous nous ravitaillons en pain dans un village qui doit compter une douzaine de boulangeries, passons près de la lagune de Huacarpay, où les Péruviens viennent camper (et laver leurs véhicules), et nous nous arrêtons dans l’après-midi visiter le site de Piquillacta, ruines étendues d’une ville wari.

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Nous finissons notre étape à Andahuaylillas : visite de la très belle église aux murs couverts de fresques et de tableaux, polleria (difficile de trouver un restaurant ouvert le soir quand tout est organisé autour des horaires des bus touristiques), puis nuit dans une hospedaje sur la jolie place d’armes.

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Le lendemain, après le petit-déjeuner sur la place, nous continuons notre chemin, nous visitons deux autres jolies églises à Huaro, avant de faire une pause marché à Urcos.

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Nous remontons ensuite le rio Vilcanota, qui serpente entre les parcelles cultivées, les forêts d’eucalyptus et les prairies pour les animaux.
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Nous bivouaquons sous les eucalyptus en contre-haut de la route, et passons une chouette soirée près du feu et sous les étoiles.

Nous continuons notre bonhomme de chemin le long du Vilcanota mardi. La vallée s’élargit, et le rio n’a plus un lit très creusé. Nous sommes sur un large plateau, tout cultivé (céréales diverses et pâtures) et irrigué, avec la route et la voie de chemin de fer au milieu, et les villages sur les côtés, aux pieds des montagnes. Nous croisons un cycliste allemand qui remonte d’Ushuaia, accompagné de sa mère entre La Paz et Cusco. Nous passons à côté du site de Rachqi, où nous rejoignons le joli village par des terrasses incas. Mais il se fait tard, après un tour de la place, nous ne visitons pas les ruines, nous devons trouver un coin pour dormir. Un peu plus loin nous croisons Ainoa et Koldo, deux basques qui remontent vers la Colombie. En unissant nos forces : nos enfants et leur parfaite maîtrise de l’espagnol, nous arrivons après un essai infructueux et moultes palabres à avoir l’autorisation de dormir dans une classe inoccupée d’une école.

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C’est incroyable comment les gens sont méfiants ici, c’est également le sentiment de nos compagnons d’un soir. Peut-être sont-ils trop habitués à ne voir passer des touristes que sur la route, sans jamais s’arrêter, et étant à l’écart de la manne financière du tourisme ? Nous passons une bonne soirée ensemble et une bonne nuit à l’abri du gel.

Mercredi nous passons par Sicuani, ville poussiéreuse mais au marché agréable pour refaire le plein. Quelques kilomètres plus loin nous traversons une ville fantôme : une très belle église à moitié effondrée et de superbes habitations inoccupés (les plus belles habitations qu’on ait vues jusqu’à présent). Est-ce un reste d’un village modèle près d’une usine jadis le long de la voie ferrée ? Il y a cependant des jeux flambants neufs où nous faisons une longue pause.

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La vallée se resserre ensuite et nous commençons à monter doucement.
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Nous croisons alors Clara et Yohann avec qui nous discutons longuement pendant que les enfants jouent dans les buissons. Yohann a presque le même vélo que Guillaume, et il a dû changer sa jante arrière en Inde (facile…) pour les mêmes raisons… Et ceci amenant cela, ils nous donnent une poignée de rechange pour la sacoche de Marie, qu’ils ont avec eux depuis l’Autriche. Décidément, les autres voyageurs sont une vraie mine de pièces détachées ! Nous repartons ensuite dans la montée pendant qu’eux partent chercher un endroit pour manger du cuy. Plus on monte, plus les cultures cèdent leur place aux élevages d’alpagas, lamas et vaches, et plus les villages traversés rapetissent et s’empoussièrent. On arrive en fin d’après-midi aux thermes ferrugineuses d’Agua Calientes (quelle originalité !) où nous barbotons pendant une bonne heure, avant de camper dans l’enceinte des thermes. Nous avons été entre-temps rejoints par un couple de Français (cyclistes, évidemment) qui nous content la délicatesse du ripio argentin (ils remontent eux aussi d’Ushuaia).

Réveil humide et givré, mais le soleil réchauffe vite tout ça. Nous repartons à l’assaut des 10 km qu’il nous reste à parcourir jusqu’aux 4350m du col. Les montagnes autour sont superbes, les paysages pelés.
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Ambiance X-Files lorsque dans ces zones reculées nous croisons des « centres d’expérimentation des camélidés sud-américains ». Surprise au col Abra La Raya lorsqu’en plus de la vue sur les montagnes et glaciers alentours nous avons une vue sur… des vendeurs de vêtements et autres objets en laine d’alpaga (et bébé alpaga… avec leur peau). Apparemment c’est un arrêt pour les bus touristiques entre Cusco et Puno. Et c’est parti pour une longue descente vers le haut-plateau suivant autour des 3900m. Nous croisons encore d’autres « centres d’expérimentation » sur les animaux, nous sommes dans un région d’élevage. Il y a quelques grandes haciendas qui forment des mini-villages qui paraissent modernes (certaines sont aussi clôturées et gardées), mais sinon l’habitat n’est pas très rutilant : maisons en adobe, petites, habitat dispersé.
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Tout le monde à l’air de vivre de l’élevage, avec quelques petites cultures autour des maisons, certainement vivrières. Dans certaines communes l’eau courante doit être arrivée il y a peu, et les toilettes avec : toutes les maisons (même certains taudis minuscules, plus petits que les toilettes en question) ont une jolie « cabane au fond du jardin » bleu et rouge. Un peu avant Santa Rosa où nous remplissons nos estomacs et nos sacoches nous rencontrons une cycliste brésilienne qui remonte vers Mexico, discussion impeccable en espagnol ! Des nuages bien menaçants nous mettent sous pression, c’est plat et on avance bien, mais lorsque nous avisons une grande ruine bien à l’écart de la route et près de la voie ferrée la journée de pédalage prend fin.
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Nous n’aurons pas de pluie, mais de très belles lumières de fin de journée, avec un coucher de soleil qui dore toutes les herbes sèches de la pampa.

Le réveil est froid : -5°C dans la tente, -7°C dehors, mais le soleil sort vite et la température remonte en flèche. La journée est monotone : les grandes lignes droites dans la pampa sont ennuyeuses.
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Il y a quand même quelques chiens qui mettent un peu piment… vous visualisez la scène des vélociraptors dans Jurassic Park 2 ? C’est pareil pour nous avec les chiens : on les draine à 500m à la ronde, et on les voit bien converger à travers les herbes de la pampa… mais nous visons de mieux en mieux ! Pause de midi à Ayaviri, qui commence avec des airs de ville poussiéreuse et où on débouche en fait sur une ville très animée avec une superbe place d’armes et une très belle église, nichée dans un bras de rivière contre la montagne, une belle surprise. Nous repartons ensuite dans les lignes droites au milieu des paysages monotones. C’est le soleil qui dictera notre arrêt contre une petite ruine quelques kilomètres avant Pukara.

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Samedi nous avalons rapidement les kilomètres jusque Pukara où nous visitons les ruines d’un temple de la civilisation Pukara, grande civilisation de l’Altiplano, bien avant les incas.
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La circulation commence à se faire dense sur la route, ce qui nous conforte dans notre décision d’éviter Juliaca et de partir vers Lampa. Mais ces kilomètres de bonne route asphaltée plate qui devaient être faciles sont plus laborieux car nous subissons un fort vent du front d’orage qui avance en même temps que nous. Pas de pluie à déplorer mais nous voyons 2 petites tornades se former non loin, pour disparaître rapidement après.

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Une pause pique-nique plus tard et les nuages et le vent sont passés, le soleil brille et nous attaquons tranquillement la montée qui va nous permettre de basculer vers un autre plateau, celui de Lampa.
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C’est plaisant de changer de vallée ainsi, au détour d’un virage. Durant toute la montée nous avons lu des panneaux vantant Lampa, nous avons hâte de visiter ! Malheureusement nous y tournons pendant 1h30 pour trouver une chambre : tous les hôtels ou hospedaje sont fermés, sans signe de vie, et les locaux ne sont pas vraiment renseignés. On finit par trouver, joli, mais cher pour cette ville. Cela a entamé notre enthousiasme, c’est dommage, la ville est mignonne et l’architecture de ses maisons roses est à part. Évidemment, on galèrera aussi un peu pour manger. Comment peuvent-ils essayer de développer le tourisme sans logements ni restaurants ?
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Dimanche, c’est journée piste ! Nous commençons avec 30km pour rejoindre Cabanilla et Deustua. Sur les 15 premiers kilomètres, ça va…
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Mais ensuite le cauchemar commence : cette piste étant très empruntée, ils l’ont renforcée avec des… galets ! Ça fonctionne bien pour éviter l’apparition de tôle ondulée, ça n’a pas l’air trop gênant pour les voitures, mais c’est une horreur à vélo : ça tape, ça ripe… c’est usant. Heureusement la piste suivante en direction d’Umayo comporte moins de pierres et plus de sable : c’est doux même si ça dérape peu. On traverse de grands champs, cultivés au tracteur, ça change. Des moutons et des boeufs paissent entre les champs. On pose la tente juste avant le coucher du soleil, au milieu de nulle part, mais on aura quand même la visite de « voisins » venus se rassurer sur les motifs de notre présence ici et notre intention de ne pas y rester plus d’une nuit.
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Encore un peu de piste lundi matin, rouge cette fois-ci, pour rejoindre le site de Sillustani dominant le lac Umayo.
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Les tours funéraires ou Chullpas, dressées par plusieurs civilisations, sont impressionnantes, et le site naturel magnifique.
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Nous y restons la matinée, d’autant plus que nous y sommes seuls ou presque. En repartant nous observons les très jolies maisons du coin.
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La fin de la journée sera moins idyllique : la route pour Puno est très très passante, avec une large bande sur le côté au début, mais plus du tout ensuite alors que la route monte et sinue. On ne se fait pas frôler, mais on s’en prend plein les oreilles avec leur manie de confondre klaxon et frein… stressant et désagréable. On commence quand même à apercevoir le lac Titicaca et ses marais.

L’arrivée à Puno est un soulagement, surtout la zone piétonne où se situe le premier hôtel qu’on avait repéré !

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