De Puquio à Abancay : des vigognes aux cannes à sucre

Le résumé pour les pressés : de moins en moins de verdure au fur et à mesure que nous montons, de la pluie/grêle/neige/orage qui abrège les étapes tous les jours, des lacs et des montagnes aux couleurs superbes, des lamas et alpagas en pagaille, des nuits froides et humides, de belles descentes, dont une étalée sur trois jours, le retour de la végétation au fur et à mesure qu’on redescend, les chiens qui alourdissent les poches de cailloux, le retour des températures caniculaires à 2000m.

Nous quittons Puquio lundi 16 avril au matin sous un temps clément, ce qui n’était pas le cas les jours précédents, chargés de plusieurs jours de nourriture (l’eau se trouve sans trop de problèmes tous les deux jours, ainsi que des fruits ou légumes, c’est surtout le « sec » qui ne se trouve que dans les commerces des villes). C’est lundi, il y a encore plus d’activité que hier, dimanche (et pourtant il y a beaucoup d’activité le dimanche au Pérou), nous sortons de la ville par la rue des pompes funèbres et nous nous retrouvons assez vite dans des paysages de causses très humides. Toute l’eau qui s’écoule ici nous épate, c’est donc aussi très vert, et plutôt cultivé, par petites parcelles séparées de murs de pierres sèches. Nous avons une belle vue sur Puquio en montant, nous commençions à nous y sentir bien.
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Puis nous attaquons une zone plus montagneuse, et plus pelée. Lors de notre pause de midi trois hommes sortis d’à peu près nulle part et regagnant leur village à pied nous proposent l’apéro à base de Chicha (boisson à base de maïs, nous préférons la Chicha Morada à base de maïs noir) et de gâteaux. C’est aussi l’occasion d’une séance photo… Nous commençons à avoir l’habitude : dans la rue, sur le bord de la route, c’est souvent nous l’attraction ! La pause précédente a été l’occasion de faire des photos avec un touk-touk pick-up. Après le repas nous abrégeons notre sieste car des nuages venus de Puquio se font menaçants. Impossibles à distancer, nous posons notre tente à 14h30, et finissons l’après-midi dedans. Ce fut également l’occasion de s’essayer à l’allumage et au préchauffage du réchaud sous la pluie…

Le lendemain se passe de manière similaire, toujours dans des paysages de plus en plus pelés à mesure que nous montons. Malgré un lever du soleil tôt (~6h30), nous ne partons que vers 8h30, à cause de la pluie, et pour avoir un soleil sans nuages pour faire sécher un minimum la tente. Ce sera le cas tous les jours suivants d’ailleurs. Cette fois-ci nous commençons par une séance photo avec les hommes de la DDE péruvienne. Cassandre a beaucoup de succès sur son vélo, et Hector avec ses cheveux blonds et son prénom, très porté au Pérou.
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La pause de midi, dans un restaurant apparu au bon moment, au début d’une averse, est l’occasion de notre première rencontre avec un alpaga qui adore Cassandre, et de discuter avec 2 chauffeurs routiers qui vont de Lima à Cusco en 2 jours avec leurs camions citernes : ils nous ont donc déjà croisés plusieurs fois et sont ravis de discuter enfin avec nous ! La journée s’arrêtera tôt, après avoir trop pédalé sous la pluie par 3°C, et avoir croisé des motards italiens nous prévenant que quelques kilomètres plus loin il neigeait. Le ciel qui se dégage et un point GPS nous font sortir de notre tente pour aller nous promener au premier lac que nous visions et qui se trouvait en fait juste derrière la colline où nous bivouaquons.

Après une nuit fraîche (2°C) et humide, et un réveil dans les nuages et avec un fort vent, nous ne partons qu’avec les premiers rayons chauffants du soleil, en même temps que les alpagas de l' »élevage » d’à côté partent rejoindre leurs pâtures. Le reste de la journée vous a déjà été présenté en vidéo : alpagas et lamas de tous côtés, plusieurs lacs au bleu profond, des montagnes colorées, et quelques flamands roses.
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Passé Negro Mayo et malgré des pointes à 60 km/h (oui, même autour de 4500m, cela peut encore monter et descendre beaucoup), nous perdons contre l’orage et la grêle nous force à monter la tente.

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Nous aurons quand même une accalmie pour cuisiner et que les enfants escaladent les rochers.

Au réveil : tente, vélo et carriole givrée. Nous faisons chauffer le réchaud pour un thé et du porridge bien chauds.

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Nous remplissons un peu les sacoches à Condorcoccha, la route est plutôt droite, assez plate (c’est à dire que ça monte et ça descend un peu). Une grosse voiture avec 4 beaux VTT s’arrête, on discute en anglais avec leurs 2 occupants, le contraste est saisissant par rapport aux habitants de ce coin du Pérou. Nous avons enfin la réponse aux voitures croisées avec des VTT sur cette route : en milieu de semaine prochaine se tiennent à Cusco deux courses de VTT. Et d’après eux on devrait trouver là-bas une solution pour la jante de Guillaume ! Petite pause avec vue sur un superbe canyon où nous venons d’apercevoir des viscaches, puis nous descendons plein pot vers Pampamarca. La vallée se finit en un immense cirque, où des cascades se déversent, et est peuplée d’élevages d’alpagas et de lamas.

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Mais après cette belle descente, il faut remonter. Cette montée nous paraît interminable et nous avons du mal à trouver notre souffle. Les paysages sont superbes, les roches changent tous les 2km : tantôt noires, rouges, sables, en blocs façon orgues, ou sculptées par le vent, nous observons même des sortes de cheminées de fées.

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Ensuite, ce n’est plus que de la descente, et nous bivouaquons avec vue sur des élevages d’alpagas, tout de même rattrapés par un peu de pluie.

Le lendemain, ça monte et ça descend encore un peu jusque Izcahuaca où nous discutons avec les instituteurs puis nous descendons en lacets en commençant par un mur à -6%. En quelques kilomètres nous perdons 800m et gagnons 10°C. Après avoir mangé des truites grillées, nous continuons à descendre doucement le long du Rio Apurima. Nous allons le suivre sur 130km. Avec la descente, nous retrouvons beaucoup de végétation (pourtant à plus de 3000m). Le long de la rivière les gorges sont peuplées et cultivées : maïs, cactus, et autres plantes que nous ne connaissons pas.

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Un fort vent de face nous oblige à pédaler malgré la descente. Nous rencontrons les chiens qui deviennent fous à la vue d’un cycliste… Et ici les gens n’ont pas un chien, mais plutôt entre 3 et 6. La zone de danger est entre 8 et 35 km/h : en dessous ils comprennent qu’on est humains, au dessus nous sommes un peu trop rapide. Entre les deux les sacoches nous protègent quand même et les cailloux et coups de pieds dans la gueule les décrochent (leurs maîtres n’arrivent pas à les retenir).

Après une nuit à Chalhuanca, qui est une ville sans intérêt, nous continuons notre descente. Au fur et à mesure que l’altitude diminue apparaissent bananiers, papayers et canne à sucre.
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Les chiens sont vraiment déchaînés aujourd’hui. Pour compenser, nous pédalons entourés de papillons magnifiques, dont certains font penser aux monarques. Nous « bivouaquons » à Yaca sur le terrain de jeu, avec rivière pour se baigner à côté, balançoires, tables, chaises et toilettes : le luxe ! On se rendra compte le lendemain qu’on aura été dévorés par les moustiques pendant la journée.

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Dimanche nous rejoignons Abancay avec les 25 derniers kilomètres de descente, suivis de 15 de montée. Nous sommes trop bas : il fait très chaud, 35°C à l’ombre, 44°C au soleil. La montée est très dure et interminable, et les 2 km d’arrivée dans la ville, sur la route bordée de garages et autres commerces liés aux camions pas très agréable. La ville est très étendue et occupe tout un flanc de montagne.

À Abancay nous restons 2 nuits et profitons des restos (au Pérou un menu coûte autour de 2-4€ pour des plats comme du riz frit ou de la truite, jusque 10-15€ pour du ceviche dans les zones touristiques), des pâtisseries… Nous passons aussi l’après-midi au parc et zoo El Mirador qui surplombe la ville, et refaisons le plein des sacoches et des poches à eau pour les 4-5 jours (200km) pour rejoindre Cusco (et ça remonte, pour redescendre !).

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3 commentaires sur “De Puquio à Abancay : des vigognes aux cannes à sucre

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    1. Ça change des tags électoraux, c’est sûr (et il y a pire : la musique électorale… Qui reste beaucoup trop dans la tête). Et puis bon, pour le retard, c’est en différé de toute manière, et ça risque de l’être de plus en plus 😁

Répondre à Émeric Annuler la réponse.

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