De Uyuni à Purmamarca : premiers tours de roue en Argentine

Oui, rassurez-vous, Uyuni est bien en Bolivie ! Mais comme nous avons fait le trajet Uyuni-Villazón en train de nuit, ces presque 300 km ne comptent presque pas pour nous.

Et c’est donc après une nuit de train plutôt confortable (en classe ejecutivo s’il vous plaît !) que nous arrivons à Villazón, à 7h du matin. Les vélos ont eux voyagé confortablement dans leur wagon de fret (pour la modique somme de 1 boliviano le kg). Qu’il fait froid en sortant du train ! Nous mettons les enfants à l’abri dans la carriole et nous mettons en quête d’un restaurant pour un petit-déjeuner… que nous ne trouverons pas. À Villazón on peut changer 40 fois son argent, mais pas manger à 7h du matin. Pour le change, ça tombe bien, on a 4000 bolivianos à changer en prévision de l’Argentine où il n’y a pas de bureau de change, et où il faut faire la queue pour des retraits avec des commissions exorbitantes.

Nous nous dirigeons donc vers le poste frontière, où il y a la queue… une première fois pour sortir de la Bolivie, puis une deuxième fois pour entrer en Argentine. Au bout de deux heures, deux tampons et un passage des sacoches au scanner, nous voilà en Argentine. Choc linguistique : il y a maintenant des « ch » partout, et les argentins parlent vite en mâchant les mots, et avec un vocabulaire différent… il nous faut (presque) tout réapprendre. 

C’est touristique, mais amusant ces panneaux

Une pause jus d’orange, puis une pause viennoiseries (ici, les croissants sont petits et s’appellent medialunas, miam), nous tournons dans le centre de La Quiaca pour chercher un hôtel. Celui que nous avions repéré est fermé, nous mangeons des empanadas avant d’aller faire la sieste dans un autre hôtel pour récupérer des deux nuits de transport.

Premiers empanadas !

Quelques courses, quelques parties de Uno (un Uno dinosaures acheté à Sucre), un repas médiocre au restaurant, et au lit.

Notre hôtel faisant aussi panaderia et pastelleria, le petit-déjeuner est plutôt pas mal. Nous faisons le plein de pain et viennoiseries, d’essence pour le réchaud, et nous nous élançons sur le début de la célèbre route 40 (et oui, nous en avions assez de la piste en Bolivie, mais finalement, nous repartons sur la piste en Argentine), c’est amusant de voir des bornes kilométriques avec plus de 5000 km. Nous avons décidé au dernier moment d’aller voir la lagune de Pozuelos, ce qui nous rajoute 70km, mais évite 70km de pampa jusqu’à Abra Pampa sur la route 9.

La piste est bonne, nous avons un compagnon de voyage canin très sympathique depuis la sortie de La Quiaca, qui cherche à mordre le pare-choc de toutes les voitures, et gambade tranquillement à nos côtés. Et nous attend régulièrement, car avec le vent de face qui s’est levé dans l’après-midi, on ne va pas assez vite pour lui. Les paysages sont désertiques, avec de grands canyons au loin. 

Les petites montées et descentes s’enchaînent, et au détour de certaines descentes nous découvrons des rios, oasis de vie avec arbres, habitations et troupeaux. Cela change des herbes jaune vif, pourtant très jolies sur ces terres minérales. Notre compagnon à 4 pattes peut s’y abreuver, et tente même de s’offrir un steak de lama directement sur l’animal. Même si nous sommes désolés pour le lama, cela nous permet de voir que « quand lama en colère, lama toujours faire ainsi » : en effet un lama crache bien … et pas qu’un peu !

Puis la route se met à monter plus fort, et à louvoyer dans les sierras nous séparant de la puna et des lagunes. Hector repère tous les cactus aux alentours depuis la carriole, aux vitres pourtant fort sales. Le vent forcit et nous franchissons le col au son des grains de sable contre nos coupe-vents, en avançant entre deux rafales. Nous bivouaquons quelques kilomètres plus loin, 30 km après La Quiaca, contre des ruines, et partageons un peu de notre plat de pâtes au thon avec notre compagnon canin, piètre chasseur, qui a bien décidé que nous serons ses humains.

Tiens, un bivouac dans la pampa

La nuit ne fut pas froide, vive l’Argentine ! Le vent qui s’était tu reprend par contre de plus belle au lever du soleil… Cela n’est pas bon signe pour le reste de la journée ! Nous avançons comme nous pouvons avec ce vent de face, heureusement nous n’avons plus que du plat jusqu’à la fin de la lagune.

Petite pause à Cineguillas, pour racheter du pain, et se détendre sur la place centrale, un peu kitsch. 

Après avoir demandé conseil aux locaux, nous décidons de bifurquer plus tôt que prévu, en contournant la lagune par l’est au lieu de l’ouest dans notre plan initial, afin d’orienter le vent plus favorablement au plus vite. 

40 ou 87 ? Le vent a choisi pour nous !

Après un pique-nique à l’abri du vent dans un cimetière, nous avons parfois l’impression de voler sur la piste, poussés par le vent. La route passe loin de la lagune (2 km) et nous sommes entourés de pâturages de lamas et moutons, clôturés (nous apprendrons plus tard que cela date d’une sorte de remembrement d’il y a une quinzaine d’années, et que cela entrave énormément le déplacement des vigognes), nous avons un peu l’impression d’être enfermés. Avec le vent et les terres sèches, nous observons autour de nous la formation d’énormes nuages de sable, mais nous sommes épargnés.

Vents de sable au loin

Nous bivouaquons à côté d’une ruine, ce qui n’empêchera pas les voisins de venir s’enquérir de notre présence à la nuit tombée. Nous faisons l’aller-retour à la lagune à pied à travers les pâturages… mais arrivés au bord de la lagune, d’eau il n’y a point ! 

La lagune est bien asséchée

La lagune, très sèche après 2 années sans trop de pluie, est réduite à sa portion congrue, et l’eau s’est rétractée en quelques zones au milieu, bien loin d’où nous sommes. Nous ne verrons donc pas les nombreux oiseaux de cette lagune 😭 (et il y en a beaucoup, on l’apprendra plus tard, et il vaut vraisemblablement mieux passer par l’ouest).

Le lendemain le vent est toujours présent, encore plus fort. Cette fois-ci quelques vents de sable nous effleurent, et les plus impressionnants sont ceux, tout blancs, qui s’élèvent de la lagune. Avec les clôtures des deux côtés de la route, les ossements de lamas coincés dedans, les quelques cadavres d’animaux, et ces vents de sable, on se croirait dans Mad Max ! Nous pique-niquons à l’abri d’un arrêt de bus au croisement de la route 7 et 87. Pendant que nous reprenons des forces, le vent redouble d’intensité et nous nous faisons un peu ensabler malgré notre abri. Il faut que nous bougions d’ici, et nous décidons de rejoindre les sierras en espérant que le relief perturbera suffisamment le vent. En tenue de ninjas, nous enfourchons nos croustillants vélos beiges. Au moins, vent de dos, ça avance bien !

Après quelques kilomètres, une camionetta (c’est comme ça qu’on appelle les pickup ici) du parc national s’arrête à notre hauteur, et nous propose de nous emmener. Ils sont déjà 5 dans la voiture, mais nous assurent qu’il y a assez de place. Ni une, ni deux, nous mettons les vélos dans le coffre et nous entassons dans la voiture. Quel confort : on ne sent pas le vent et on a l’impression de voler sur la piste, on entend à peine une légère vibration sur la tôle ondulée. Même si on est vraiment serrés à 9, l’ambiance est super, surtout quand Cassandre rit aux éclats dans les montées et descentes rapprochées. Le chef de l’administration du parc nous invite même chez lui, et on passera une super fin de journée (après une douche et une lessive pour enlever les kilos de sable) à discuter de tout et de rien, et à faire des crêpes.

Ça fait du bien de cuisiner !

Le lendemain, après un rapide nettoyage des vélos et des sacoches pour s’alléger de quelques kilos de sable, nous empruntons enfin la route 9. Elle est très bonne, qu’est-ce qu’on va vite dessus ! 

Les 40 premiers kilomètres défilent vite, il fait chaud, il n’y a pas de vent et les paysages sont plutôt jolis. Le détour par la lagune de Pozuelos nous semble avoir été une bonne idée pour éviter les 70km de pampa entre La Quiaca et Abra Pampa… quand il n’y a pas de vent 😉.

En arrivant à Tres Cruces nous restons sans voix : contrairement au Pérou ou à la Bolivie où nous avions des images en tête, nous ne connaissions rien du nord-ouest argentin, et ce que nous découvrons est époustouflant. La quebrada de Humahuaca débute sous nous yeux ébahis par la formation dite de l’épine du diable, où formes et couleurs se mélangent pour donner ce paysage spectaculaire.

La route 9 descend jusque Humahuaca, cela nous permet de bien profiter des paysages aux mélanges de couleurs incroyables, entre millefeuille géologique et canyons rougeoyants. La vieille ligne de chemin de fer apporte la touche de charme finale.

Quelques petites montées pour changer de vallée, et nous arrivons à Humahuaca au coucher du soleil. Les couleurs sont moins présentes dans les derniers kilomètres, les paysages sont plus pelés, exception faite des cactus qui font leur apparition, mais les dernières lumières du jour soulignent les reliefs.

Le lendemain, après le petit-déjeuner et de la tarte au citron au marché, nous nous mettons en quête d’un transport pour aller voir la « montagne aux quatorze couleurs » (ou Hornacal) conseillée par le couple suisse rencontré au salar de Surire. 40 min de camioneta plus tard et 1400 m plus haut, nous atteignons le mirador d’où nous pouvons observer les fameux plis colorés… assez impressionnant en effet. Notre chauffeur nous faut sourire avec ses mises en garde sur l’altitude et la difficulté à se déplacer 😁.

Au loin, la quebrada de las Señoritas

Au retour, après quelques empanadas, la rencontre de Franz, Sophie, Romane et Bastien, une glace, une sieste et la réparation de la première crevaison du voyage (la carriole à dû rouler sur quelque chose d’inamical en arrivant la veille), nous déambulons dans cette ville touristique où règne une activité fébrile : le lendemain le président vient ici faire un discours au pied du monument à l’indépendance, pour son bicentenaire (de l’indépendance, pas du président).

Vendredi 8 juillet nous reprenons la route et nous ne sommes pas seuls : veille de la fête nationale, ce jour est férié, et la zone étant touristique la circulation est dense (et contrairement au Péruviens et aux Boliviens, les Argentins ont des voitures particulières).

Un panneau qu’on aime bien

Les couleurs reprennent dans les montagnes et nous nous nous arrêtons à Uquia pour aller marcher dans la rougeoyante et magnifique quebrada de las Señoritas

Un peu de pluie et de vent nous fait repartir, et après le pique-nique et avoir laissé passer le président, nous franchissons le tropique du Capricorne. 

Pique-nique avec vue
El volcán Yacoraite

Nous aurions bien dansé sous le soleil du tropique 🎶 mais de soleil il n’y avait point aujourd’hui, alors nous sommes allés jusque Tilcara.

Nous posons nos sacoches dans la super auberge de jeunesse Waira et filons visiter le musée archéologique de la ville. 

Encore un musée archéologique pensez-vous ? Sachez que Tilcara est un des rares sites (qui se comptent sur les doigts d’une main) où les civilisations précolombiennes d’Argentine ont laissé des traces construites. De manière plus terre à terre, le soir nous passons au marché et cuisinons, ça fait du bien.

Samedi 9 juillet, jour du bicentenaire de l’indépendance de l’Argentine et fête nationale, nous commençons la journée par un petit-déjeuner gargantuesque… elle est vraiment bien cette auberge de jeunesse ! Puis nous allons visiter la pucará (forteresse) de Tilcara, et son jardin botanique. 

Nous partons en début d’après-midi, au milieu des cars de touristes argentins. Comme toujours, les montagnes sont colorées : la formation de la « palette du peintre » par exemple. Un bref arrêt pour voir la posta de Hornillos, lieu historique on ne sait plus trop pourquoi, et nous bifurquons sur la route 52 et atteignons rapidement Purmamarca.

La palette du peintre
Un peu avant de quitter la route 9

C’est encore plus touristique ici ! Notamment la place centrale, où comme le dit Cassandre : « ils vendent tous la même chose ». Malgré les prix délirants, Marie nous dégotte un bon plan routard pour dormir. Le soleil se couche (c’est ça de traîner en route pour contempler les montagnes colorées !) et nous allons marcher près de la « montagne aux sept couleurs »… pas très longtemps car en chemin nous sympathisons avec Vincent et Constanza, et nous discutons plutôt que nous marchons.

Après une bonne douche, nous découvrons les peña pour le dîner : cuisine locale et concert. On retrouve Vincent et Constanza, et les enfants sont déchaînés… il faut dire que le rythme argentin est dur pour eux : nous mangeons trop tard et les nuits sont raccourcies… vivement quelques bivouacs que nous nous reposions.

Le lendemain matin, nous empruntons à vélo la piste qui fait le tour de la montagne aux sept couleurs, c’est très chouette.

Et pour la suite : allons nous retourner sur la route 9, ou bien continuer sur la 52 et passer par les montagnes pour rejoindre Salta 😏 ?

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